Aujourd'hui, comme à peu près tous les jours de vacance, j'étais encore partie faire les boutiques, mais cette fois-ci toute seule, allez savoir pourquoi, personne n'était libre. Je me demande à quoi bon avoir des vacances si on ne pouvait pas en profiter ? M'enfin bref, exténuée par cette dure matinée de lèche-vitrine, je m'affalais sur le canapé de l'appartement que je partageais avec Bailey S. McAllister. D'ailleurs, cette dernière me regardait d'un air las. Il était vrai qu'en ce moment, je n'étais pas très causante ni très sympa, mais c'est ce qui arrive quand j'écope d'une nouvelle colocataire. Il y a la période d'adaptation, comme on pourrait l'appeler. J'ignorais son regard insistant, et en profita pour allumer la télévision. Bon, jeu télévisé, série à l'eau de rose, téléfilm de science fiction, pub, pub, film d'action, encore pub... Bref, pas très alléchant. Puis soudain, je tombais sur une pub pour Mc Donald's. Le truc "Venez comme vous êtes. Mc Donald's, c'est tout ce qu'on aime ! Palapapapa." Pas très folichon en soi, mais ça m'a subitement donné envie d'y aller pour me prendre un bon menu maxi best of. Bon d'accord, c'est pas très sain comme nourriture, mais alors ? Il faut bien se faire plaisir de temps en temps non ?
Je pris alors mon BlackBerry et commença à envoyer des messages à mes chers amis, pour ne pas me retrouver seule là-bas. Super ! Personne ne pouvais venir. Etais-je frappée par une malédiction quelconque ? Peut-être que je ne pourrais plus jamais passer de temps avec mes amis ! Peut-être que les dieux étaient contre moi ?
Bon stop, ça suffit le délire là, Elly. Il faudrait peut-être que je me reprenne. Mes amis ne sont simplement pas disponibles aujourd'hui. Ils doivent être en couple, devant la télé, en pyjama... Bref, comme une petite famille. Bon, c'est vrai que ça fait un peu cliché de vieux, mais globalement, ça doit être ça. Allez, inutile de continuer à me morfondre, je sortirais, seule ou accompagnée. Je pris juste le temps de me changer, pris un tee-shirt, un jean, mes converses ainsi que mon sac, puis je sorti de l'appartement, en criant à ma colocataire que j'allais manger quelque part et que je reviendrais tôt. J'avais au moins la politesse de lui dire ça.

Il faisait extrêmement chaud dans la rue. Déjà qu'Hollywood n'était pas réputé pour sa fraicheur, mais là je crois bien qu'on touchait les sommets, je me liquéfiais littéralement sur place. J'hésitais entre courir jusqu'au McDo, ce qui raccourcirai mon supplice, mais me donnerais encore plus chaud, ou marcher à allure normale et rejoindre le fastfood sous forme de flaque. Bon, ben c'est parti pour la flaque, j'ai vraiment pas la force de courir. D'ailleurs, il n'est qu'à un pâté de maison.
Ah, ça y est, j'y arrive enfin. C'est tout juste si je ne rentre pas en courant pour faire un petit dérapage sur les genoux, crier "HALLELUJAH" et lever les bras en signe de victoire. Mais non, on me prendrait pour une débile.

A l'intérieur, je vois que les gens ne sont pas mieux que moi. D'ailleurs, l'homme devant moi a un sérieux problème de déodorant. Tant pis, je ferais avec. Tout en me bouchant le nez, j'attendais mon tour de commander. Puis, enfin le moment viens, je commençais d'ailleurs à être gênée par mon estomac, qui avait entrepris un petit remix de la 9ème symphonie de Beethoven, version gargouillis. Je commandais alors mon Maxi Best Of, puis parti en quête d'une table libre.
Bon, il n'en restait plus qu'une, génial. Je m'installais et commençais à savourer mon hamburger, quand je vis une fille arriver, elle ne trouvait sûrement pas de place pour manger.

« Bonjour... Je pourrais me mettre à côté de toi ? Je suis vraiment désolée de te déranger, mais il n'y a plus de place nulle part. »

Je lui fis une place à côté de moi. Par contre, si elle voulait discuter, c'est elle qui fera le premier pas, ce n'était pas moi qui allait engager la conversation, il ne fallait pas y compter. Quand je mange, je mange.

Ho Big Tasty, magnifique Big Tasty. Je me damnerais pour en avoir un. Mais là, même pas la peine de se damner, j'en ai un juste devant moi qui n'attend qu'une chose : se faire manger. Eh bien j'accepte ma mission, mon colonel ! Bon, Elly, tu deviens vraiment flippante à parler aux hamburgers là. Surtout que la jeune fille à côté de moi vient de me poser une question.

« Euh.. Est que je pourrais avoir le sel s'il te plait ? »

Je souris, et lui passais le sel. Bon, alors c'est sûr, elle va entamer la conversation, le truc du sel, c'est juste un alibi bien connu, moi même je l'utilisai auparavant.
Puis elle posa une seconde question :

« C'est quoi ton prénom ?
- Moi, c'est Ellyxir, et toi ? »

Aujourd'hui, je serais sympa. J'en ai un peu marre de mon masque de blasée, surtout que je suis connue pour être fêtarde et joyeuse. Mais bon, ce n'était pas trop la période, on va dire. Et puis pour en revenir à ma mystérieur voisine, elle paraissait très sympathique. Et puis il était temps que je me fasse de nouvelles amies, pour montrer que je m'intéresse aux nouveaux venus, qu'ils soient plus ou moins vieux que moi. D'ailleurs, l'âge n'était pas un critère à Hollywood. Ce qui comptait, c'était tes amis, ta popularité et ton compte en banque, ainsi que le nombre de fêtes auxquelles tu es invité. Bref, de ce côté là, j'étais assez gâtée, sans me vanter.
Puis je sentis quelque chose vibrer dans ma poche. Je sortis alors mon BlackBerry et regardai de qui venait le message. Bon, de ma très chère colocataire, qui me demandait ce qu'elle pouvait faire à manger. Je lui répondis très vite « Depuis quand tu as besoin de moi pour faire à manger ? Fais toi des spaghettis, il ne reste plus que ça, c'est à moi de faire les courses demain. ». Il était vrai que je ne suis pas très gentille avec Bailey, mais c'est une période de test, un genre de bizutage mais en plus gentil quand même.

Je reportais un oeil à l'inconnue à côté de moi et détaillai ses vêtements, ainsi que son physique. Jolie, même très jolie. Un bon point. Vêtements chics, donc issue de famille riche. Deuxième bon point. Bon, elle ne s'en sortira pas mal dans la jungle d'Hollywood. Mais qui dit jungle, dit forcément parasites et animaux féroces. On peut avoir la beauté et la richesse, s'il manque le caractère c'est foutu. Eh bien je me ferais un plaisir de la tester, et de forger son caractère, même si elle paraissait définitivement plus vieille que moi.